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Les mystères de Chiloe


On a mal dormi, mais tout de même, on a dormi ! La preuve...

Nous arrivons à Quellon, sur la Gran Isla de Chiloe, le 14 mars au petit matin. Un peu endormis (il faisait frisquet sur le bateau, nous avons donc mal dormi, et nous avons embarqué à minuit passée, pour une arrivée vers 6h30), la première chose que nous faisons en débarquant est... D'aller nous recoucher, au kilomètre 0 de la Panaméricaine, cette route mythique qui arrive jusqu'en Alaska.



Arrivée à Chiloe au premières lueurs du jour

Joia au km 0 de la Panaméricaine, alors que l'aube pointe le bout de ses doigts sur Chiloe

À notre réveil (dû à une bande de cyclistes qui fait le tour de l'île et qui souhaite... faire pipi. Charmant), nous profitons d'un beau rayon de soleil (le premier depuis bien longtemps) pour faire sécher nos affaires, humides, voir mouillées, en raison de la pluie incessante des derniers temps.


Joia au bout de la Panam', encerclée par les cyclistes... Comment voulez-vous grasse-matiner dans ces conditions ?

De retour dans le centre de Quellon, nous goûtons à notre premier ceviche (effectivement très goûtu) en profitant du spectacle d'un type ivre mort en train de s'endormir sur un pont (on ne veut rien dire, mais nous avons croisé un nombre de "borrachos" assez impressionnant sur l'île...).



Nous tentons ensuite une visite des environs, mais la pluie étant de retour, les paysages sont assez déprimants et nous nous dirigeons rapidement vers Chonchi (oui c'est rigolo comme nom, nous aussi on trouve), dont nous visitons l'église, avant de nous embarquer pour l'Isla Lemuy, où nous passons la nuit.



Le lendemain, nous passons la matinée et le début d'après-midi à parcourir l'île sous une pluie battante, pour nous retrouver face à des églises fermées. Nous admirons donc l'extérieur, mais, ne pouvant profiter des beautés de la nature, nous remettons vite le cap sur l'île principale.




De retour sur Chiloe, nous allons à Velipulli, où l'église est également fermée.


Nous sommes complètement déprimés : nous sommes de nouveau trempés, et pour comble de malheur, notre porte latérale nous a complètement lâché : ces derniers jours, Quentin a réussi à la fermer en la claquant tout en la poussant (il fallait ensuite qu'il entre par l'arrière, donc qu'il monte complètement trempé sur le lit, passe ses chaussures dégoulinantes à Johanna pour qu'elle les range, et enfin, qu'il réussisse à claquer le hayon. Hyper commode), mais c'est fini...


Elle ne ferme plus, il faut l'attacher quand elle roule, et il pleut à l'intérieur.


La loose.


Nous n'en pouvons plus (comprendre : nous sommes au fond du gouffre, complètement déprimés, quand on se regarde on a les lèvres qui tremblent tellement on a envie de pleurer, on n'a qu'une seule envie : rentrer chez nos mères, ou alors s'endormir pour ne jamais se réveiller - non, on ne dramatise presque pas) et décidons de quitter l'île au plus vite, histoire d'essayer de :

1) réparer cette porte de ¤§%#!$

2) retrouver un peu de soleil, ou au moins, du temps sec. Parce qu'on n'en peut plus d'être trempés tout le temps, de dormir dans des draps humides et de porter des vêtements humides.


Heureusement, nous faisons connaissance avec Claudio, Tamara et leur deux adorables filles, qui nous invitent à boire un café chez eux, juste en face de l'église.


Passer la fin de journée au chaud, au sec et en excellente compagnie nous remonte un peu le moral : nous papotons, buvons des litres de thé, jouons de la musique avec Claudio et sa fille Rafaella (10 ans et des qualités artistiques exceptionnelles : musique, peinture abstraite, dessin, artisanat... Cette enfant sait tout faire !), pendant que sa femme et leur petite de 4 ans chantent.



En plus, ils nous expliquent comment fonctionnent les visites des églises à Chiloe : à part pour les plus importantes, qui sont ouvertes toute la journée, c'est en général quelqu'un, un voisin ou une boutique, qui en garde les clés, qu'il faut demander pour pouvoir entrer.


Nous sommes tout ragaillardis lorsque nous les quittons, mais nous retrouver à nouveau dans le froid et l'humidité nous paraît presque pire après cette halte si agréable...


Avec cette histoire de porte, il pleut à l'intérieur, et nous craignons que la batterie auxiliaire prenne l'eau, Nous nous couchons donc assez inquiets dormons tant bien que mal devant l'église de Nercon, que nous visitons le lendemain matin (maintenant qu'on sait qu'il faut demander les clés, on en profite) avant de partir pour Castro.



Réussissez-vous à apercevoir Joia ?

Nous y rencontrons par hasard un petit pépé qui nous fait passer à l'atelier de ses fils absents. Il se met à démonter notre porte, pendant une trentaine de minutes, il semble n'avoir aucune idée de ce qu'il fait, et la situation s'empire : la porte se décroche à moitié, bref, c'est l'horreur, nous sommes au bord de la crise de nerf, Johanna est au bord des larmes, Quentin a les lèvres livides à force de les serrer...


Et le miracle se produit.


Sans que nous sachions comment il a fait (peut-être que lui aussi l'ignore), notre petit pépé a réparé notre porte ! Johanna lui saute au cou.


C'est donc le cœur plus léger que nous visitons Castro. Pour être honnêtes, nous avons été très, très déçus par les palafitos, ces petites maisons en bois sur pilotis qui figurent sur toutes les cartes postales.


En effet, évidemment qu'elles sont très jolies, mais ce qu'on ne voit pas sur la carte postale, c'est que pour les admirer, il faut se rester sur un trottoir à côté d'une voie rapide, au milieu des bus et des camions... Ça gâche un peu l'ambiance...


Nous nous rattrapons en mangeant comme des cochons dans un super petit boui-boui, et profitons tout de même de cette ville somme toute plutôt sympa.



Le soir, nous allons chez Marco, l'ami d'enfance de Rodrigo (un super copain chilien installé en France), qui nous fait goûter à notre première pitchanga... Un bonheur.


Dîner chez Marco avec toute sa famille



La pitchanga, c'est très sale, et c'est pour ça que c'est très bon et très génial : des frites recouvertes de fromage fondu et mélangées à de petits bouts de viande et de saucisse, des légumes, de l’œuf... Ainsi que du pain, au cas où ça ne serait pas suffisant. Autant vous dire qu'après, on n'a plus faim !




Le lendemain, nous prenons le petit-déjeuner avec Marco et sa famille, puis retournons voir Tamara et Claudio. En effet, nous leur avions promis de leur faire des crêpes... Impossible de vous décrire le bonheur des filles lorsqu'elles y goûtent ! Un très, très beau moment...




Nous voulons quitter l'île et remonter au plus vite vers le nord afin de fuir le mauvais temps, mais alors que nous nous dirigeons vers le port, Quentin freine brutalement : mais qui venons-nous de croiser ? La famille Chausson !!! Souvenez-vous... Nous les avions rencontrés à Torres del Paine, et depuis El Chalten, on est carrément copains.


Ils se dirigent vers Cucao, dans l'ouest de l'île, où ils ont répéré un spot sympa à proximité du parc national. Hasard ou coïncidence, au moment où nous nous arrêtons, le soleil fait son apparition.


Nous décidons d'y voir un signe et faisons demi-tour pour les accompagner. Le spot est effectivement très chouette : un grand espace vert et paisible ou paissent quelques chevaux, juste devant la plus minuscule église qu'on puisse imaginer.


Même Joia a l'air immense...

Eglise de Cucao

Nous allons tous ensemble faire une balade à travers champs pour gagner la plage et la côte Pacifique. Coup de pot : nous nous retrouvons sans même l'avoir voulu dans l'enceinte du parc national, que nous avions décidé de ne pas visiter en raison de son prix...



Nous passons la soirée et une bonne partie de la journée du lendemain à discuter de tout et de rien, à jouer avec Émilie et Margaux (les filles de Marion et Michaël)... Bref, on chill au soleil, et ça fait du bien, surtout après deux semaines de temps pourri.


En fin d'après-midi, nous nous séparons car nous voulons faire le sendero (sentier) de las Almas avant de gagner Dalcahue, où nous voudrions tester un ceviche dont nos copines Laurie et Céline, de la péninsule Valdes, nous ont donné des nouvelles. Si nous avons un bon conseil à donner à nos lecteurs qui visiteraient un jour Chiloe : n'y allez pas.


Certes, nous nous sommes pris en chemin une grosse averse (ça faisait longtemps...) qui nous a trempés et a rendu le sentier tout glissant, mais franchement, même si évidemment que c'est joli, il n'y a rien de particulier... Sauf que c'est payant.



Heureux et secs. On rigole, on était quand même content d'être là !

Sur la route de Dalcahue, nous croisons les Challenger (mais siiiiiii, vous savez ! Nous croisons et recroisons depuis la péninsule Valdes nos copains Didier et Carine, accompagnés de leurs trois enfants). Évidemment, nous nous arrêtons pour papoter un moment, car ils nous ont bien manqué ces dernières semaines, mais la pluie revient et nous disperse.


Nous arrivons donc assez tard à Dalcahue, et nous couchons immédiatement.


Le lendemain, nous oublions l'histoire du ceviche (ils les vendent ici deux fois le prix que nous avons payé à Quellon... et nous sommes plutôt pauvres, avouons-le sans vergogne) et allons visiter la merveilleuse église de Tenaun (notre préférée de toutes les églises chilotes) avant d'aller déjeuner à Quemchi, où, pour le prix d'un ceviche de Dalcahue, nous avons droit à un délicieux menu complet (entrée, plat, dessert) dans le sympathique restaurant El Chejo.


Joia devant la magnifique église de Tenaum


Après avoir visité ce joli petit village, nous nous dirigeons vers Chacao afin d'y prendre le ferry qui nous ramènera sur le continent.






À bientôt en la carretera !



 

À propos de l'île de Chiloe :


  • Cette île d'une rare beauté est la plus grande de l'archipel du même nom. Il y pleut en moyenne 300 jours par an (chouette alors !), et même lorsqu'il fait beau, le temps peut très rapidement changer et se remettre à la pluie/au vent/ au froid : choisissez, mélangez.


  • Ses habitants, les chilotes, sont réputés pour leur leur cordialité et leur hospitalité, et il paraît qu'on y mange le meilleur ceviche (plat de poisson ou de fruits de mer mariné-s et assaisonné-s, on ne vous dit pas... Un vrai bonheur !) du Chili. D'après notre expérience, nous confirmons la réputation des chilotes, et quant à celle du ceviche, on n'est pas tout à fait sûrs, mais c'est tout à fait possible !


  • L'Isla Grande de Chiloe abrite non pas une, non pas deux, mais 16 églises classées par l'UNESCO au Patrimoine mondial de l'Humanité. Toutes différentes, plus ou moins colorées, leur architecture typique et unique au monde nous a scotchés - et pourtant, nous ne sommes pas très "églises" en général. Construites intégralement en bois, leur diversité et leur richesse nous ont littéralement séduit, chacune possédant un charme et un cachet inimitables. Le détail qui nous plait particulièrement ? Les plafonds qui rappellent très fortement une coque de navire (étonnant pour des architectes insulaires non ?).


  • Elle est également connue pour ses légendes. Ainsi, l'île de Chiloe aurait dans le passé appartenu au continent. L'esprit de l'eau, Cai-Cai Vilu, aurait provoqué une terrible inondation afin de la recouvrir, mais Ten-Ten Vilu, l'esprit de la terre, serait alors intervenu et aurait vaincu Cai-Cai Vilu au terme d'un combat sans merci, sauvant ainsi Chiloe, déjà détachée du continent, mais pas encore submergée par les flots.


Autre légende, beaucoup moins plaisante : les mères chilotes doivent attentivement veiller sur leurs filles, car le terrible Trauco, sorte de nain difforme et puant, rôde dans les bois de l'île et attire irrésistiblement à lui les filles et jeunes femmes croisant son chemin. Ce qui explique les grossesses inexpliquées. Commode non ? Surtout quand on sait qu'encore aujourd'hui, la pratique de l'inceste père/fille est répandue dans l'île. Ces pratiques "culturelles" (je mets des guillemets car c'est ainsi qu'on nous en a parlé, mais on a un peu de mal à voir le viol d'une jeune fille par un proche parent comme une pratique traditionnelle) commencent à être dénoncées, mais n'ont pas disparu.


Plus sympas, la Pincoya et le Pincoy, son mari, se baladent sur les plages de l'île. Monsieur chante assis sur un rocher, ce qui pousse Madame à exécuter une belle danse sensuelle. Si elle danse face à la mer, les pêcheurs récolteront en abondance poissons et produits marins. Si elle danse face à la plage, une période de disette s'annonce. De plus, elle a l'habitude de sauver les naufragés.

 

Cadeau bonus :


Nous ne traduirons pas la blague hyyyyper fine de ce restaurant, mais elle nous a bien fait marrer. Amis hispanophones, c'est cadeau.


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