Vivre d'amour et d'eau (pas) fraîche dans le désert le plus aride du monde : les trésors d&#
- b8jo40
- 9 juin 2018
- 11 min de lecture
Même si nous poser dans un endroit magnifique nous a fait du bien, au bout de quelques jours, l'envie de recommencer à crapahuter nous démange et nous sommes assez frustrés d'être bloqués comme ça.
Aussi, puisqu'à partir du 30 mai, après presque dix jours d'immobilisation, Johanna a l'impression que son pied brûlé va un peu mieux, nous décidons d'aller explorer la Vallée de la Lune, à proximité de San Pedro.
Cette magnifique vallée a été creusée par l'eau (il y en avait à l'époque !) et le vent, et offre aujourd'hui de spectaculaires paysages, perchés à 2 500 m d'altitude, dans lesquels la vie est impossible : pas d'eau, pas de végétaux, pas d'animaux... à part quelques malheureux chiens errants ayant eu la mauvaise idée de suivre des touristes (parfois à leur insu).
Chaque année, ils sont un sacré paquet à s'y perdre et y mourir : il n'est pas plus possible de survivre ici que sur la "vraie" Lune... Les locaux (natifs et travailleurs étrangers) s'organisent donc pour régulièrement faire des "missions de sauvetage" des pauvres chiens en détresse dans la vallée.
On arrive dans la vallée en suivant la Cordillère de Sel, et nous découvrons avec bonheur un paysage entièrement minéral, composé de roches érodées et de dunes de sable.
Nous passons la journée à explorer la vallée et ses failles...
... à crapahuter dans les anciennes mines de sel ...
... et nous terminons cette belle journée par un coucher de soleil sur les Andes, que nous admirons du haut de la plus haute dune de la vallée (non sans avoir admiré les autres dunes au passage, on ne fait pas de discrimination, nous).
Ça fait du bien de pouvoir gambader de nouveau !
Mais il faut admettre qu'à la fin de la journée, Johanna est épuisée (marcher est encore un peu difficile), et nous sommes un peu inquiets pour sa blessures : impossible de mettre des chaussures fermées avec un si gros pansement, elle a donc passé la journée en sandales dans le sable, la poussière et le gravier.
On vous laisse imaginer le résultat...
Quitte à ce que le pansement soit dégueu, nous décidons d'aller le lendemain faire un tour dans la Vallée de Catarpe, de l'autre côté de la rivière, tout près de notre campement : nous devons retourner à l'hôpital pour les soins, autant profiter d'une autre balade !
À l'entrée de la vallée, nous tombons sur Guillermo, qui cette semaine est de garde ici et non à la pukara de Quitor. Ça tombe bien : du coup, il nous fait une entrée au tarif "local" (comme partout au Chili, les touristes paient entre 2 et 3 fois le prix demandé aux chiliens...), et l'autre... gratuite ! Youpi !
Le long de la route, nous profitons de la végétation, dont l'existence est rendue possible par la présence d'une petite rivière et que l'on a presque envie de qualifier de luxuriante tant elle est inattendue dans cette région aride, avant de retrouver un paysage de roches et de dunes.

Pour commencer, nous allons découvrir El Tunel. Construit pour relier San Pedro à Calama au début du XXème siècle (San Pedro était alors complètement coupée du monde), il n'a que très peu servi, une route ayant été aménagée pour relier les deux cités.
Une chouette petite randonnée, pas très compliquée en théorie mais un peu délicate pour nous en pratique : le chemin est très, très sablonneux, et ça, ce n'est vraiment pas top pour le pied de Johanna... Nous sommes cependant ravis malgré tout !
Nous récupérons Joia et repartons pour aller nous perdre dans la Garganta del Diablo.
Très rapidement, les parois se resserrent, et nous progressons dans des gorges ombragées, au milieu d'une lumière rouge-orangée irréelle. Par moment, la gorge s'élargit, un nombre incalculable de chemins s'enfoncent dans différentes directions...
Nous avançons au hasard, ravis de nous perdre dans ce labyrinthe minéral.
Nous finissons par arriver sur le haut de la gorge, sur une sorte de plateau - un peu moins fun car le paysage est plus répétitif, d'o nous ne tardons pas à retrouver le sentier principal (que nous avions perdu depuis quelques heures - sans être trop inquiets pour autant : avec Maps.Me, notre meilleur ami, nous ne sommes jamais totalement égarés).
Nous entamons une dernière petite boucle et rencontrons un couple qui pique-nique.
Ce sont les premières personnes que nous croisons depuis ce matin, et évidemment, comme toujours dans les coins paumés, ils sont français. Nous papotons un bon moment avec Romain et Mélodie (ce qui aura son importance plus tard dans notre périple) avant de rebrousser chemin : il commence à être tard, et nous voudrions explorer d'autres parties de la vallée avant de retourner à San Pedro, où les soins au dispensaires ne sont délivrés que jusqu'à 18h.
En effet, Catarpe abrite une charmante petite chapelle (malheureusement fermée) et les ruines d'un ancien centre administratif inca.
Décidément, nous ne comprenons pas pourquoi la Vallée de Catarpe est si méconnue et que tous les touristes se ruent dans la Vallée de la Lune : à notre sens, même si les deux sont très belles, Catarpe est bien plus sauvage et bien plus tranquille, et offre bien plus de possibilités de randos (dans la Vallée de la Lune, tout est balisé).
Nous filons ensuite à San Pedro, où nous nous faisons littéralement pourrir par l'infirmière : il est beaucoup trop tôt pour que Johanna se risque à marcher dans le sable et la poussière, qui ont allègrement traversé le pansement, bien qu'il soit très épais.
Ok, on a compris, on va faire plus attention...
Nous revoilà bloqués. D'ooooh !
Nous repassons donc deux jours à la pukara.
Heureusement, nous voyons souvent Alex, et nos copains Seb et Fanny doivent bientôt arriver.
Ces deux-là, nous les avions rencontrés mi-avril dans le sud du pays, dans le parc de Conguilio, et ils sont un peu allumés : ils étaient dans le sud de l'Argentine, à quelques milliers de kilomètres, et, apprenant que nous étions bloqués pour un moment, ils ont décidé sur un coup de tête (et un coup de fil) de foncer vers San Pedro pour nous rejoindre à bord de Daisy, leur super bus scolaire aménagé.
Après moult péripéties, ils finissent par arriver le 3 juin. C'est la fête !

Et surprise : il y a quelques jours, ils ont adopté un petit chien : Joy - dont on aura du mal à définir le sexe pendant longtemps, mais qui s'avèrera être une femelle.
Tamara, d'habitude hyper agressive avec toutes les créatures vivantes qui ne sont pas nous, semble adopter le bébé.

Ils ont besoin de se poser un peu (la route a été longue et pleine d'embûches), et Johanna n'a toujours pas le feu vert du médecin pour se relancer dans les grandes activités.
Nous passons donc une journée de plus à la pukara, qui nous permet aussi d'apprendre à mieux nous connaître (après tout, nous n'avons passé qu'un soir et une journée ensemble, et nous prévoyons de rouler tous ensemble jusqu'à Cusco...).
On ne sait pas pourquoi, mais on le sent : avec ces deux-là, ça va être l'amour fou.
Nous avons le même rythme, la même vision de la vie, on rigole beaucoup, on a plein de points communs, nos différences nous enrichissent... Bref, on est bien tombés.
Le 5 juin, après avoir fait changer le pansement de Johanna (ce pied commence à bien nous gonfler), nous nous mettons en route, direction l'attraction qui a l'air la plus folle de toute la région : les geysers del Tatio !
Nous sommes un peu stressés car nous avons entendu dire que la route était terrible, et nous craignons pour nos montures... De plus, les geysers sont à 90 km de San Pedro, et nous savons que les tours organisés conseillent un départ à 4h du matin.
Nous n'avons évidemment aucune envie de nous réveiller à 3h du mat (le temps de prendre le petit déj et de tout remballer, on se connaît...), aussi, nous partons en début d'après-midi et nous arrêtons pour faire une petite randonnée le long d'une rivière soi-disant chaude, quelque part sur le chemin entre San Pedro et El Tatio.
Il s'avère que l'eau n'est pas si chaude que ça, mais cela fait bien longtemps que nous devons économiser l'eau et que nous n'avons pas pris un vrai bain. L'occasion est trop belle, Quentin et Johanna prennent leurs affaires de toilettes et s'en donnent à coeur joie !
Nous décidons de dîner et dormir sur place : avec un départ à 5h, ça devrait le faire !
Mais pourquoi partir si tôt ?
Pour ceux qui ne le sauraient pas, un geyser est un genre de source d'eau chaude, mais projette eau et vapeur par intermittence , à haute température (entre 85 et plus de 200°) et à haute pression. El Tatio est la plus grande zone géothermale de l'hémisphère sud et on y recense environ 80 geysers actifs !
Or, à 4 300 m d'altitude et en plein désert, la température peut descendre la nuit à 20° C (on ne vous dit pas à quel point on s'est gelé les fesses... Il devait faire environ - 12° lors de notre arrivée sur le site vers 6h du matin).
La grande amplitude thermique permet d'observer à l'aube la formation des cheminées, les geysers étant donc plus actifs à ce moment précis. En outre, la vapeur est bien plus visible lorsqu'il fait froid - au lever du jour, donc.
On nous l'a dit et répété : si on arrive trop tard à EL Tatio, les flemmards sont privés de geysers !
Nous nous réveillons donc à 5h, pour un départ quasi-immédiat : on la tête dans le c***, on est grognons, on prendra le petit déjeuner là-bas.
Bonne surprise : la route n'est pas si dégueu que ça !
Bon, on se rendra compte au retour qu'elle n'est pas non plus géniale (à l'aller, dans le noir et pas réveillés, nous avons l'impression qu'elle est très bien), mais on se marre bien en pensant à tous les guides touristiques qui prétendent que la route n'est praticable qu'en 4x4.
Et puis, on nous avait dit de "suivre les voitures des agences" pour trouver notre chemin... Nous n'avons pas très bien compris ce conseil : le chemin, on l'a très bien trouvé tous seuls...
Sur place, les touristes venus en foule se pressent pour aller payer leur entrée (10 000 pesos, un prix totalement exagéré... À titre de comparaison, l'entrée à la Vallée de la Lune coûte 3 000 pesos), remontent dans leur bus, et sont relâchés sur le site. C'est terrible. Et cela gâche la poésie des lieux.
Heureusement, à part nous, tous les touristes présents sont venus avec une agence, et ils ont d'autres choses à aller voir : à partir de 7h, 7h30, nous nous retrouvons seuls sur les lieux.
C'est là que la magie opère...
C'est génial, mais on a tout de même un peu les boules : nous aurions parfaitement pu arriver à 7h30 du matin, nous aurions vu la même chose, dormi 1h30 de plus, et n'aurions pas croisé un chat (sans compter le fait qu'il nous a semblé qu'il n'y avait plus personne à la guérite : nous aurions peut-être même évité de payer l'entrée en arrivant plus tard).
Ceci dit, nous sommes bien contents d'avoir le temps de traîner, d'aller voir les geysers, de revenir, d'y retourner... Et une fois le soleil bien installé (à partir de 9h, 9h30), l'activité des geysers est tout de même clairement réduite.

Une fois nos yeux rassasiés, nous nous occupons de nos estomacs : l'heure du petit déjeuner a enfin sonné !
Nos miettes attirent un charmant petit visiteur :

Seb et Fanny sont morts, aussi, nous les laissons faire la sieste pendant que nous allons voir l'immense piscine naturelle.
L'eau est agréablement tiède, et malgré le vent glacé qui s'agite, QUentin ne résiste pas à l'idée un bain à 4 300 m ! Plouf !
Mine de rien, le temps file... Et nous avons encore des choses à faire !
Nous quittons les les lieux et nous séparons provisoirement de Fanny et Seb : ils rentrent à San Pedro pour profiter des principaux sites d'intérêt (nous leur avons concocté un petit programme) tandis que nous allons en direction de Calama.
Nous les rejoindrons demain ou après-demain.
Quand soudain, sur la route de Caspana...
Notre première étape en direction de Calama : Caspana, un petit village indien croquignolet comme tout.
Nous nous dirigeons ensuite vers le village de Chiu Chiu, petite oasis de 300 âmes au milieu du désert habitée par les communautés atacameñas, qui abrite la plus ancienne église du Chili, l’église de San Francisco, construite en l’an 1600 selon des techniques millénaires utilisées par les amérindiens.
Nous sommes à la recherche d'un spot pour la nuit, mais même s'il y a un terrain à peu près plat près de la rivière, nous revenons finalement sur nos pas pour nous rendre à la laguna Inka Coya.
Selon la légende, une princesse inca trompée par son mari s'y serait jetée avec son enfant, et son corps n'aurait jamais été retrouvé, la lagune n'ayant pas de fond (en réalité, la laguna Inka Coya est extrêmement profonde : environ 80 m).
Les lieux sont déserts, la vue superbe... Et le vilain vent froid se calme à la nuit tombée : c'est décidé, nous dormirons ici avant de rejoindre Calama !
Par chance, nous parvenons à capter un peu le réseau et à réserver en ligne une visite de la mine de Chuquicamata pour le lendemain (nous avons rencontré à la pukara des gens qui nous disaient n'avoir pu réserver que pour une semaine plus tard...).
Nous arrivons à Calama d'assez bonne heure, ce qui nous permet de lancer une lessive à la laverie et de déjeuner avant d'aller visiter la mine.
De par ses dimensions titanesques (5 km de long pour 3 km de large et 1 km de profondeur), Chuquicamata est la plus grande mine à ciel ouvert du monde (elle est "seulement" la deuxième plus profonde) et contient à elle seule 13% des réserves mondiale de cuivre (dont le Chili est le premier producteur mondial).
Faites défiler le diaporama pour en apprendre plus sur Chuquicamata !
Le bus qui nous a emmené visiter la mine nous redépose au parking de l'office, où nous avions abandonné Joia. Nous discutons un moment avec d'autres overlanders avec qui nous avons visité la mine, récupérons notre linge, et repartons pour San Pedro.
Nous avons hâte de retrouver Seb et Fanny, mais la route est longue... Surtout que nous avons un problème : à la sortie de Calama, un voyant rouge s'allume... Visiblement, nous avons un problème de refroidissement.
Après avoir longuement tergiversé, nous complétons le niveau avec de l'eau (on fait comme on peut). Miracle ! Ça marche !
Nous avons perdu pas mal de temps (ben oui, il a fallu laisser refroidir plusieurs fois...), mais nous arrivons à la pukara dans la soirée, alors les copains sont déjà au lit.
Ils ont bien mis leur journée à profit mais veulent encore profiter du désert.
Parfait ! Nous n'avons pas eu le temps de voir la Vallée de la Mort...
Bon, en vrai, la Vallée de la Mort, c'est la Vallée de Mars. Hein ?
On s'explique...
À l'origine, cette vallée, découverte par... un belge (et oui !) a été baptisée du doux nom de Vallée de Mars en raison de ses paysages... qui faisaient vraiment penser à la planète rouge.
Mais une chose en entraînant une autre, de Valle de Marte (Mars), on est passés à Valle de la Muerte (Mort).
Pourquoi ce nouveau nom est-il resté dans les anales, préféré au nom d'origine ? Aucune idée. Peut-être que les gens trouvent plus excitant de survivre à la Vallée de la Mort plutôt qu'à une expérience sur Mars ?
Toujours est-il que cette vallée, elle est CA-NON.
Et vachement plus cool que la Vallée de la Lune, vraiment prise d'assaut par les touristes.
Nous avions hésité à nous rendre à la Laguna Cejar, car la baignade est autorisée dans cette lagune altiplanique, mais franchement, payer 30 000 pesos (environ 40 €) par personne pour se baigner, même dans dans une lagune ultra salée où on flotte mieux qu'en mer Morte, euh... Ben non.
Faut pas pousser mamie dans les bégonias.
Résultat : le 9 juin, nous estimons d'un commun accord que nous avons suffisamment fait le tour de la région.
Après un dernier passage au dispensaire, où enfin le médecin nous délivre de la corvée des soins (la plaie s'est suffisamment refermée, et il n'y a plus besoin de faire de pansement), nous allons faire nos adieux à Alex (bah oui, il faut suivre attentivement le blog si vous voulez savoir de sui on parle...), et à bord de Joia et Daisy, nos belles conquérantes, nous mettons le cap au Nord, avec pour objectif dans quelques jours : le Pérou !
À bientôt en la carretera !
En bonus, ce très bel article du Monde sur le désert d'Atacama...
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